Un bout de bois, deux cailloux et trois escargots.

La Maison des Poules et des Lapins fut le théâtre cet été d’un gigantesque rassemblement de gastéropodes. Où que l’on se trouvât, de charmantes coquilles de taille et de couleur diverses se trouvaient presque immanquablement sous nos yeux, voire parfois, et ce fut à chaque fois une tragédie, sous nos pieds.

Une véritable colonie d’escargots avait élu domicile sous les pieds des groseilliers et cassissiers, ce qui rendit la cueillette délicate, périlleuse parfois, tant il est peut aisé de se retrouver dressé sur la pointe d’un seul pied, le bras tendu vers une grappe rougeoyante, sans basculer sur l’arbuste et écraser la future récolte à coup sur.

Mais le plus tragique pour les amis des bêtes que sont nos enfants, est d’imaginer les maisons naturelles de leurs amis à cornes broyées par la tondeuse à gazon du père de famille, qui dimanche oblige, allait bientôt sacrifier au rituel de la tonte.

Cependant, loin de baisser les bras devant un tel massacre annoncé, Marie et son camarade de classe entreprirent alors de sauver leurs amis en créant de toute pièce, une véritable Arche de Noé à escargots. A croire que chaque année, la Maison des Poules et des Lapins se doit d’œuvrer à la sauvegarde de cette espèce pourtant prolifique dans nos contrées.

Après concertation, explications voire négociations tendues, il fut décidé de construire un habitat sain pour loger tout ce petit monde. Le choix des matériaux s’imposa de lui-même : on allait trouver dans la grange amoureusement rangée par Raphaël, des outils et matières ECOLOGIQUES qui aideraient à la construction de cet havre de paix. Aussitôt dit, aussitôt fait : en quelques minutes à peine, la grange ressembla bientôt à un gigantesque champ de foire, mais les trouvailles effectuées lors de ces recherches quasi préhistoriques furent à la hauteur des espérances de nos bambins.

Restait à dresser la future construction en un lieu approprié. Les bambins songèrent tout d’abord à installer leur chef d’œuvre architectural à l’abri. Mais la grange aurait décidément demandé bien trop de temps perdu en rangement, et il y avait urgence, voyez-vous. On décida donc à peine effleurée cette idée de la décréter saugrenue et irréalisable. On pensa ensuite à dresser ce temple protecteur au centre de la cour, vierge de toute construction et qui présentait de ce fait, un indéniable avantage : mettre en valeur la créativité de nos « apprentis Compagnons » en herbe. Malheureusement, ils se rendirent bientôt compte que cette superbe cour vide l’était parce que réservée aux voitures qui s’y garaient ou manoeuvraient avant d’aller dans la grange (quand celle-ci n’avait pas fait l’objet juste avant, de fouilles paléolithiques, bien entendu). On se concerta à nouveau, palabra beaucoup, et enfin, après maintes tergiversations, on trouva l’endroit rêvé.

Et c’est ainsi que par une belle journée de fin d’été, on disposa trois cailloux, une planche clouée artistiquement et quelques brins d’herbe fraîchement coupée, tout contre le même muret en pierres que l’an passé, pour y installer en grand pompe un Hôtel à Escargots inauguré par les cris de joie des enfants, et qui figurera d’ici peu, personne n’en doute, dans tous les guides sérieux dédiés à l’hébergement en Livradois Forez.

St Genes la Tourette

Novembre 2009